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Postscriptum n°15 - La politique familiale française : comment marcher sur la tête en ayant l'air sérieux |
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La France qui s’auto-flagelle à l’idée d’avoir acquis un peu d’indépendance grâce à l’énergie nucléaire, présente comme une réussite sa politique familiale, parce qu’elle aurait permis de maintenir dans le pays un taux de fécondité supérieur à celui de nos voisins européens. Considérée du point de vue des travailleurs, cette opinion générale mérite bien des nuances. On peut tourner et retourner la question à l'infini, le but principal de toute politique familiale est toujours de soutenir la croissance d’un pays. Quant aux moyens, ils dépendent évidemment de la situation. La Chine, menacée par la surpopulation et la faim, a mis en œuvre des mesures drastiques pour réduire le nombre de naissances, condition indispensable et préalable au développement. Mais dans un pays comme la France à la croissance en berne et affichant un taux de fécondité inférieur au seuil de renouvellement des générations (à l’instar de ses voisines européennes dont certaines, comme l’Italie, sont littéralement au bord du suicide collectif), tout le problème consiste évidemment à inverser la tendance. Au risque de plagier certaines prières, disons d’entrée que la croissance est le fruit des investissements et du travail des hommes (et femmes) qui y vivent. Encourager la croissance suppose donc d’encourager les idées, l’innovation, l’initiative, c’est à dire au bout du compte le travail et les travailleurs. Le général de Gaulle qualifiait de politique “un ensemble de desseins continus, de décisions mûries, de mesures menées à leur terme”. Examinons dans cette page de quelle façon la politique familiale française encourage la croissance. Première observation : la population de travailleurs en France comme en Europe est constituée aujourd’hui en majorité de personnes disposant d’un niveau d’études égal ou supérieur au baccalauréat. N’en déplaise aux dinosaurus-marxisto-lénino-pseudo machinchosistes, le temps des prolétaires louant leur seule force de travail est révolu. La grande masse des travailleurs est désormais représentée par la petite bourgeoisie. Connaissant l’aversion naturelle des lecteurs pour cette population, y compris lorsqu’ils en font eux mêmes partie (“sale petit-bourgeois mesquin, égoïste, radin et blablabla…et beurk, beurk, beurk...et pouah pouah pouah, etc etc…”), nous utiliserons dans la suite le terme parfaitement vague et insignifiant, mais politiquement correct, de “classes moyennes” (terme classique) ou “petit bourgeois de merde” (terme utilisé par ces gens qu’on qualifie habituellement d’“intellectuels”). Disons donc que la grande masse des travailleurs est représentée de nos jours par les “classes moyennes”. La principale caractéristique de cette population est qu’elle dispose d’un niveau d’études suffisant pour assurer des tâches à valeur ajoutée dans le cadre d’un travail dépendant, alors qu’elle ne détient aucun pouvoir réel de décision, tant au sein de l’entreprise que dans le champ politique. Cette classe est en somme un équivalent du tiers état d’antan : elle est tout économiquement mais rien politiquement, avec deux différences de taille cependant : le Tiers Etat était parfaitement conscient de son statut et de sa valeur, tandis que la petite bourgeoisie contemporaine se renie et se méprise profondément elle-même à la plus grande joie de tous ceux qui l’exploitent. Le Tiers Etat avait un pouvoir financier, tandis que la petite bourgeoisie n’a plus que le faible “pouvoir” de son travail. Une autre caractéristique de cette classe moyenne est qu’elle transmet naturellement à ses enfants (lorsqu’elle a le courage d’en avoir) une culture et une éducation qui leur permettront de s’intégrer plus tard sur le marché de l’emploi. Il suffit d’observer les difficultés rencontrées dans les zones dites “sensibles” pour intégrer en milieu scolaire puis sur le marché du travail des populations disposant d’une culture d’origine “différente” ou d’un niveau d’études très faible, pour mesurer ce que cette population de travailleurs fait gagner au pays en offrant naturellement (et gratis) un bagage que ne transmet pas d’emblée une famille de milieu dit “défavorisé”. Dans ce dernier cas, il est évident que l’effort d’éducation et financier que devra consentir la collectivité, pour soutenir, accompagner les familles et obtenir le même résultat, sera incomparablement plus important. Parallèlement, le fait que le chômage touche statistiquement plus des populations que la culture ou le “bagage” scolaire n’ont pas préparées au marché du travail, montre que l’effort pourtant énorme consenti jusqu’à présent dans ce domaine reste insuffisant par rapport aux besoins réels. Or la France se trouve aujourd’hui dans une situation paradoxale : le nombre de travailleurs diminue par rapport à une population inactive en augmentation. Conséquence d’une part de l’évolution démographique (retraités issus du babyboom), et d’autre part du chômage qui ronge le pays depuis des décennies, cette situation fait peser sur les épaules des travailleurs une charge de “solidarité” toujours plus lourde. Dans ces conditions, le bon sens indique que le premier objectif d’un Etat vraiment désireux d’aider la croissance, serait d’aider précisément ceux qui travaillent à soutenir cet effort. Dans le domaine de la politique familiale, aider les travailleurs consiste d’abord à mettre à leur disposition des modes de garde de qualité et adaptés à leurs besoins, avant même de penser allocations, aides, primes ou subventions… Que font nos “élites” ? Un examen des dispositifs en place montre clairement que pour avoir des enfants en France, il est largement préférable de ne pas travailler (quand on peut se le permettre bien sûr). La politique de la famille en France repose en effet, d’une part sur des dispositifs d’aides financières pseudo égalitaristes et d’autre part, sur des solutions de garde rares, inégales en qualité et injustes dans la pratique. Premier dispositif : les aides financières (prime à la naissance, complément familial, PAJE, allocations familiales). Soumises à des conditions de revenus, ces aides sont conçues de telle sorte à pénaliser clairement les classes moyennes au profit des autres classes, selon un principe apparemment égalitariste qui consiste à raboter le “milieu” au profit des parties “supérieures” et “inférieures” de la population. Les classes de revenus supérieurs n’ont pas vraiment besoin de ces aides ; de plus, elles savent très souvent échapper à leur devoir de solidarité par différents montages, fiscaux ou autres, avantageux pour elles. Les classes moyennes au contraire, sont considérées comme “pas assez pauvres” pour être vraiment aidées et “trop riches” pour pouvoir se permettre d’échapper à un devoir de solidarité prégnant en faveur des “plus démunis”. Un symbole phare (et exemplaire !) de cette logique est la suppression de l’allocation familiale au premier enfant, façon plus que louable de décourager les classes moyennes d’avoir une descendance : dans ce milieu, en effet, loin d’être une source de revenus générée par les aides, primes ou allocations, un enfant représente d’abord une charge financière et d’éducation. Notons en passant pour le fun que cette mesure hautement “sociale” fut prise très “socialement” par les “socialistes” (c’est en tout cas le “pseudo” qu’ils ont pris sur les forums politiques …). Deuxième dispositif : les différents modes de garde proposés aux parents qui travaillent (crèches, garde à domicile, assistantes maternelles). Côté pile de la langue de bois politique, cette diversité de “dispositifs” est un gage de liberté de choix pour les parents. Quiconque a vécu la recherche d’un mode de garde à la reprise du travail connaît le côté face de la question et sait qu’en plus du poids financier qu’il représente, il s’agit le plus souvent d’une authentique galère. La réalité vue de face est que le parent travailleur se verra le plus souvent proposer différents types de “non choix”, à commencer par celui de ne pas avoir de place en crèche. Le cache misère de la diversité des choix dissimule une réalité toute simple : manque de moyens et prestations inégales, rareté des solutions et pauvreté de choix, dispersion des financements et gaspillage de l’argent des contribuables garanti à la clé. C’est que la logique mise en place par nos intellectuels experts dans ce domaine n’est pas tant d’aider les travailleurs (on l’aura compris, on s’en fout des travailleurs !), mais plutôt de garantir des emplois de service à une population féminine difficilement intégrable par ailleurs sur le marché du travail. Non pas que les nounous soient toutes mauvaises, il en existe même d’excellentes, mais si vous les trouvez et qu’elles vous choisissent (ne vous faites pas d’illusions, ce n’est pas vous qui aurez vraiment le choix), vous le devrez bien plus à votre flair et à votre chance, qu’à la supposée “aide” de l’Etat. Il serait trop long de faire ici la liste des déboires communément rencontrés par un travailleur lambda sur ce chapitre. A ceux qui voudraient des détails, nous promettons un résumé par la suite. Le premier effet obtenu par ces “desseins continus, décisions mûries, et mesures menées à terme” de nos élites, est que ces foyers de travailleurs à la fois “trop riches” (soi disant) pour bénéficier d’aides et trop pauvres (ou ne disposant pas d’assez de pouvoir de nuisance) pour se permettre de vivre de façon satisfaisante sans travailler, devront réduire drastiquement le nombre d’enfants dans le foyer, compte tenu des difficultés et des charges qu’ils représenteront pour eux (budget enfant, logement, transport, etc, etc). Certaines mères envisageront d’arrêter de travailler, voire de se faire assistantes maternelles elles mêmes, mais toutes ne le pourront pas et se trouveront parfois dans cette situation ubuesque que la quasi-totalité de leur salaire servira pour l’essentiel à payer la garde. Le deuxième effet de cette “politique”, c’est que tout en décourageant comme elles le méritent les classes moyennes de faire des enfants, nos élites parviennent en revanche à encourager un paradoxe français : il n’est pas rare en effet de voir dans les milieux dits “défavorisés“ ou “démunis” des familles de chômeurs comptant de nombreux enfants. Nous avons vu plus haut que la charge financière et d’éducation de ces enfants sera nettement plus lourde pour la collectivité, alors que les possibilités d’intégration sur le marché de l’emploi ne seront pas garanties pour autant à terme, comme le montre l’expérience. Or, si l’intégration sur le marché de l’emploi échoue, c’est autant de croissance perdue pour le pays et autant de solidarité à financer en plus par des travailleurs toujours moins nombreux en proportion. Le troisième effet de cette politique c’est que
malgré toutes les aides distribuées, on s’aperçoit
in fine qu’en matière de fécondité, certes la
France fait mieux que ces voisines d’Europe mais moins bien que
les
Etats-Unis, pays pourtant considéré comme le temple du
capitalisme et certainement moins “social” (au sens de nos pseudo
socialistes indigènes…) que la France…Cherchez l’erreur. Il est
d’ailleurs éclairant d’entendre nos intellectuels, experts et
élites expliquer que les Français étant de gros
égoïstes qui privilégient leur confort personnel
à l’intérêt de la nation, il sera impératif
de faire appel à l’avenir à de la main d’œuvre
étrangère pour aider le pays. L’effet final à moyen et long terme c’est qu’en réduisant le nombre d’enfants dans les familles de travailleurs, on réduit d’autant les possibilités d’alimenter rapidement et à peu de frais le marché du travail en travailleurs supplémentaires, qui pourront à leur tour soutenir un effort continu de croissance et financer “la solidarité”. Au total, la politique familiale française semble donc bien répondre à une logique qui va très exactement dans le sens contraire à la croissance. Tout part pourtant d’une bonne intention de nos élites et de nos intellectuels : en effet, ce qu’ils visent avant tout, leur objectif principal, leur priorité essentielle, et pour ainsi dire leur “impératif catégorique”, c'est tout simplement l’exploitation rigoureuse des classes moyennes. Peut-on les condamner pour cela ? La réponse est non, bien sûr...les fautifs sont une fois de plus les classes moyennes elles mêmes ! Pourquoi ? 1) Premièrement, les classes moyennes sont nombreuses. Ce
n’est pas que nos élites rechignent à exploiter les
autres classes de travailleurs, mais dans leur cas, la matière
première est tellement abondante et malléable que ce
serait un crime d'y renoncer. (NDLR : Chers intellectuels qui me lisez, j’espère avoir reproduit fidèlement le fond de votre pensée. J’ai fait de mon mieux ! Ne me remerciez pas surtout, c’est tout naturel, je suis dans mon rôle et vous êtes si criants de vérité dans le vôtre…). On voit donc de ce qui précède que nos intellectuels et nos élites ont pleinement raison d’organiser l’exploitation des classes moyennes, d’autant plus que ces dernières sont consentantes. Tout comme ils ont raison de faire dire aux statistiques que le taux de fécondité est de 1,9 par couple chez les petits bourgeois aussi, de façon à ce que ces gentils benêts-cucul y croient dur comme fer et se sentent même privilégiés dans cette affaire (“Bon sang Clémence ! Nous on en a deux, la vache, c'est Byzance...!”). Tout au plus pourrait-on oser une suggestion. Messieurs (et Dames) les intellectuels, tant qu’à exploiter vos “petits bourgeois de merde” à fond, ne faudrait-il pas le faire plus “astucieusement” ? En effet, décourager ces bestioles d’avoir des petits ne permettra pas de continuer à soutenir comme il se doit à l’avenir à la fois les populations privilégiées (c'est-à-dire vous & Co) et celles qui auront besoin de “solidarité”, car ces bidules n’auront pas “produit” suffisamment de petits machins à bas coût pouvant à leur tour être exploités dans ce but, comprenez vous ? C’est un peu comme si vous empêchiez les poules de faire des œufs dans un élevage de poulets, vous voyez ? Il faudrait donc simplement permettre à ces schmilblicks de faire des petits shadocks supplémentaires qui pourront à leur tour pomper, pomper, pomper, pomper,…et être râpés, tondus, usés jusqu’à l’os, comme il se doit et comme il est juste...mais de façon rationnelle, parbleu ! Aussi lançons-nous cet appel : Exploiteurs de tous les pays, unissez vous ! Ne laissez pas votre principale source de revenus se tarir ! Ne tuez pas la poule dans l’œuf ! Gardez la peau de l’ours et bouffez en la chair à pleines dents ! Tondez les moutons jusqu’au sang s’il le faut, mais soyez sioux ! Faites le avec intelligence ! Soyez ambitieux, clairvoyants et visionnaires ! Battez vous pour une exploitation durable des classes moyennes (autrement dite “sustainable middle class exploitation”). Et pour ce faire, permettez leur d’avoir des petits que vous pourrez continuer à exploiter à volonté, à l’avenir et jusqu’à la fin des temps ! Notes complémentaires : |
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