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Postscriptum n°14 - Néolibéralisme et communisme : faux frères et frères de sang

NB : Les visiteurs ayant déjà lu les postscriptums 10 et 11 remarquerons que nous revenons sur le sujet pour la troisième fois : il nous semble en effet ne pas l'avoir épuisé. Cet os reste à ronger.

A peine remise des ravages de l’idéologie marxiste, l’humanité encore convalescente est aujourd’hui menacée par des idéo-pathologies infectieuses sans doute encore plus funestes issues du néolibéralisme. Pour tenter de comprendre les raisons de ces crises idéologiques, avançons une hypothèse préliminaire qui nous aidera à retracer le cheminement de ce type de délire idéologique : quand l’ignorance, la présomption et la prétention “d’inventer” le monde réel se conjuguent entre elles, la porte de l’idéologie pathologique se trouve grande ouverte.

Cette prétention de “créer” la réalité est à vrai dire une pathologie vieille comme le monde ; mais tant que les “intellectuels” (c’est comme ça qu’ça s’appelle, à c'qu'i paraît…) délirent calmement autour d’un comptoir, en équilibre sur des tabourets ou calés dans des fauteuils people, l’affaire peut encore être considérée comme supportable. Quand par contre ces malades obtiennent le pouvoir d’imposer leurs idées, c'est-à-dire de contraindre les êtres humains à se fourrer de force dans des bocaux idéologiques, alors la maladie est grave et la guérison incertaine.

Au risque d’être hors sujets, observons une minute de silence en mémoire des souffrances et des tortures endurées par un patient glorieux, victime de présomptueux charlatano-idéologues : Louis XIV le grand, himself. Ce roi, qui faisait trembler la terre, a subi en silence, et avec une résignation héroïque, les tortures sadiques de médecins “je sais tout” aussi ignorants que prétentieux. C’était un défilé sans fin de purges et de clystères, et lorsque les clystères ordinaires ne suffisaient pas, on recourait – excusez du peu – aux purges à base d’antimoine (caca rouge). Et n’allez pas croire que ces “savants”, bouffis de latin et de philosophie, se remettaient en cause après les échecs successifs : que non ! que nenni ! C’est ainsi que Louis XIV, saint martyre, passa de vie à trépas pour une erysipèle diagnostiquée comme une sciatique et avantageusement soignée à coups de clystères, de purges exténuantes et de longues saignées. Sans doute le Roi soleil aurait-il fini par mourir sans le secours de ses médecins, mais comme le disait une de ces parentes, il aurait sûrement pu vivre mieux et plus longtemps sans leur intervention. Ah Molière, Molière, Molière ! Soit béni mille fois ! Personne jamais ne te surpassera dans leur imitation ! Assassssiiiiins !

Pour revenir à notre sujet, on pourrait se demander ce qui n’a pas marché dans l’idéologie communiste. Au fond, si l’égoïsme était éradiqué de la face de la terre et si tous les êtres humains ne travaillaient que dans l’intérêt général, sans considération de liens de parenté, d’intérêt ou de tout autre type, les choses ne pourraient “théoriquement” qu’aller mieux. En pratique, l’être humain ne sait pas faire abstraction de ces liens et de ces intérêts. Pour contraindre les hommes à se couler dans le moule idéologique, les dirigeants communistes n’eurent donc que deux moyens largement utilisés : le mensonge, c'est-à-dire le dévoiement systématique de la vérité, et la violence. Même si l’écroulement de l’URSS fut favorisé par l’intervention généreuse et désintéressée des services secrets américains, il ne fait pas de doute que le système était déjà largement vérolé de l’intérieur.

Au moins doit-on reconnaître à l’idéologie communiste qu’elle tendait “théoriquement” à la maximisation du bien être des hommes et femmes, sans aucune distinction de classe ou d’origine. Or, se profilent aujourd’hui à l’horizon des doctrines, tout aussi “scientifiques” que l’idéologie marxiste, mais qui loin de prétendre maximiser le bien être, s’emploient à maximiser le profit. Plutôt que “maximiser” d’ailleurs, nous aurions pu dire “ optimiser ” ; et ce point nous oblige à faire un pas en arrière.

Il existe toute une série de “sciences” dans lesquelles l’observation expérimentale et les méthodes mathématiques vont de pair, donnant depuis des siècles des fruits abondants. Dans toutes ces sciences, on utilise largement des “modèles” dont on suppose qu’ils “représentent” des phénomènes naturels, mais- c’est à souligner - aucun de ces modèles n’a la prétention de reproduire, même de loin, le monde réel dans sa complexité. Non seulement le modèle ne peut pas représenter la réalité sous toutes ses formes, mais en plus les progrès de la connaissance ont fait apparaître plus d’une fois de tels modèles comme erronés ou insuffisants, conduisant ainsi à l’élaboration de nouveaux modèles. Dans tous les cas, même le modèle le plus abstrait aura toujours pour but “pratique” d’expliquer et de justifier des phénomènes naturels.

Si l’on passe ensuite de la théorie pure à la pratique, il peut arriver que l’on utilise des méthodes mathématiques pour obtenir le meilleur résultat possible dans tel ou tel processus industriel, meilleur résultat possible lui-même évalué selon des critères de nature très diverse et souvent variables d’une personne à l’autre. Mais en tous cas, à notre connaissance, aucun scientifique n’a jamais déliré au point de prétendre vouloir “ optimiser ” l’univers.

Si l’on passe maintenant du domaine des sciences plus ou moins exactes au domaine des sciences humaines, on trouve peu d’exemples de symbiose entre théories mathématiques et phénomènes naturels et même quand on cherche à atteindre cette symbiose, rien ne dit qu’il s’agisse de bons exemples. La science a peut être enregistré de grands progrès par exemple dans l’art de convaincre les gens de la nécessité d’un produit ou d’un achat, mais on peut légitimement se demander s’il s’agit là de quelque chose de “présentable” du point de vue scientifique.

Dans le cas des théories communistes, on partait du postulat qu’en imposant un nivellement entre les êtres humains, (nivellement considéré comme l’optimum de la justice sociale, ce qui semble être encore le cas dans l’esprit de bien des pseudo socialo blabla communisto nivellistes contemporains) il en serait résulté “naturellement” un optimum de bien être. Rien, absolument rien, ne pouvait justifier ce type de déduction et les faits en ont montré la fausseté.

Les choses empirent aujourd’hui. Les doctrines néolibérales tendent à optimiser le profit des détenteurs de capitaux. Présentée sous cet angle, la doctrine se révèle d’une telle brutalité que les intellectuels prônant cette idéologie ont éprouvé le besoin d’un petit ajout : la libre circulation des personnes et des capitaux et la libre concurrence dans une société où les acteurs ont comme objectif l’optimisation du profit, grâce à la fameuse main invisible, produisent “naturellement” le bien être maximum. Rien, absolument rien, ne peut justifier une pareille déduction et il y a même fort à parier que les travailleurs-contribuables-petits bourgeois-benêts-tondus seront toujours les premiers à se prendre une grosse main plus que visible au travers de la figure…

Et ce n’est pas tout. Une application rigoureuse des doctrines néo libérales doit supposer qu’il n’existe plus aucune barrière de race, de religion, de langue, de culture, de civilisation ou de coutume, comme si l’humanité constituait une sorte de troupeau de bétail indifférencié que l’on peut croiser à volonté : la seule norme, la seule loi, le seul corpus juris est le profit.

En vérité, le néo-libéralisme pur et le communisme orthodoxe ont un ancêtre commun, comme le singe et le pithécanthrope partagent une même lignée. Dans le cas du communo-néo-libéralisme, la source commune est la prétention originelle et perpétuelle de distordre la réalité pour qu’elle “s’adapte” aux exigences idéologiques. Et de ce point de vue, on peut dire que les théoriciens “no global hypocrito marxisto trotskysto lénino altermondialistes” et les théoriciens “ néoliberalo esclavagisto mondialistes” sont en fait frères d’âme et de chair jusqu’au tréfonds de leurs entrailles, car ils partagent la même prétention à imposer leurs idées, y compris par la violence. Or, prétendre fourrer l’humanité, avec toute sa diversité, ses différences, ses traditions, dans le bocal néolibéral est encore plus absurde que de vouloir le faire bouillir dans le chaudron communiste. Qu’adviendrait-il de l’humanité si les doctrines néolibérales parvenaient à s’imposer totalement dans toute leur splendeur et leur pureté ? Le seul précédent en fait de pureté (communiste) nous a été fourni par le régime khmer rouge…Belle expérience à renouveler ! Isn’t it ?

Dans les faits, sachant que les choses vont comme elles doivent aller et non pas comme les théoriciens les théorisent a priori, les doctrines néolibérales sont souvent mises au service de corporations particulières représentant dans certains cas les intérêt des élites de certains Etats ou associations d’Etats (NB : nous avons dit les “ élites ” et non pas les “ populations ”…). Au fond, l’idée qu’un pays puisse être considéré comme une agrégation d’actionnaires, pourrait n’être qu’une absurdité mineure parmi les absurdités dont regorgent les doctrines néolibérales. Dans tous les cas, tout fonctionne comme si certains Etats agissaient comme des sociétés par actions. Remarquons simplement et timidement qu’alors qu’une société par actions se bat, en principe (hum!) avec des moyens juridiques et commerciaux, un Etat n’hésite pas à utiliser une panoplie de moyens coercitifs et propagandistes prêts à l’emploi dans ses arsenaux, lorsqu’il s’agit de son profit. Tout indique qu’il en est ainsi.

Les théoriciens du néolibéralisme pur s’insurgeront peut être en prétendant qu’il ne s’agit pas là de néo libéralisme mais de son contraire. Cela n’aurait absolument rien d’étonnant de leur part et ferait écho à d’autres théoriciens pur jus du passé: En effet, on sait fort bien aujourd’hui que le stalinisme n’avait rien à voir avec le communisme ; le régime de Ceaucescu n’était pas communiste non plus d’ailleurs, le régime hongrois, idem n’en parlons pas et les khmers rouges encore moins c’est évident ! Bon sang mais c’est bien sûr…Il suffisait d’y penser ! Non chers amis ! Ce qui se développe sous nos yeux est bien tout ce que le néolibéralisme peut produire de meilleur et la suite sera encore plus “cuisante”. Nous voilà donc finalement passés de la poêle communiste au chaudron néolibéral.

Ce néolibéralisme là se présente comme le fils légitime du libéralisme, mais né d’un tout autre bouillon, il n’en est qu’un bâtard. Le coucou néolibéral, s’est introduit dans le nid libéral et exploite des similitudes de sons et de résonances verbales en les vidant de contenu et en trahissant le sens initial de l’idéologie libérale. L’idée libérale a pour base l’aspiration à la liberté ; elle ne peut donc être qu’une idéologie intrinsèquement inachevée et toujours ouverte. Le néolibéralisme est au contraire une idéologie monolithique brutale, fermée et maximaliste.

Il est amusant de noter que les néolibéraux portent souvent en exemple la cure à la “ Thatcher ” qui sauva l’Angleterre…Bien sûr, après la purge à l’antimoine burocraticolabouriste, il était facile, dans ce pays, à ce moment et dans ces circonstances, d’obtenir de meilleurs résultats avec le clystère supposé néolibéral ; mais nous sommes à des années lumière de l’idée qu’une pareille cure soit l’elixir universel et on peut même douter qu’elle représente vraiment l’idéologie néo libérale dans toute son effrayante beauté.

Pour conclure, nous sommes convaincus que non seulement le communisme et le néolibéralisme ont des racines communes mais que de plus l’un génère l’autre. Il s’alimentent et se nourrissent comme les confluents d’un même fleuve ; ils sont liés et frères de sang, comme les rejetons de la même mère, et mimant l’affrontement sur la scène, ils se partagent en fait les dépouilles des mêmes victimes dans les coulisses et les arrière-salles.

Dans le cas de Louis XIV (paix à son âme !) le ballet tragi comique de tous ces “médecins” se succédant et se contredisant à son chevet pouvait être amusant. L’un prescrivait un puissant clystère sur la base de doctes spéculations, mais le résultat n’était malheureusement pas à la hauteur des espérances ; alors un autre “éminent spécialiste” passait aux saignées, toujours sur la base de doctes spéculations…Et ainsi de suite, jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Maintenant, après la cure communiste, des docteurs de la faculté tiennent à nous fourrer le clystère néolibéral “à l’endroit approprié”, avec dans la salle de réveil, le ponte communiste attendant l’issue désastreuse de la cure néolibérale pour occuper la scène, le bistouri en bandoulière, armé et prêt pour la saignée. Si une telle race “d’intellectuellovoïdus venenosus toxicus” commun a pu impunément se permettre de tourmenter un monarque de son vivant, figurez vous la joie qu’ils mettraient à faire profiter de leurs expériences de pauvres “capite censi”, contribuables moyens déjà lobotomisés et à demi embaumés.

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