Addendum aux projets pathologiques

Sommaire

Site “les projets pathologiques” (mars 2001)

ET L'EUROPE...?

Dans le chapitre précédent, nous avons essayé d'expliquer les raisons des retards ou des échecs qui surviennent parfois en gestion de projet tels que documentés dans des travaux d'origine anglo-saxonne. Analysons maintenant la situation en Europe et les raisons pour lesquelles aucun travail équivalent au Chaos Report du Standish Group n'a été mené sur le vieux continent.

LES STATISTIQUES EUROPEENNES SUR LES RESULTATS DES PROJETS... CIRCULEZ, Y'A RIEN A VOIR !

Cherchons statistiques européennes désespérément...

Nous avons recherché des statistiques européennes avant tout sur Internet. Alors que des combinaisons de mots clés assez simples permettent d'obtenir sur les sites anglo-saxons une documentation abondante pour ce qui concerne les Etats-Unis, on aboutit rarement sur les sites européens visités à une documentation locale portant sur des expériences " locales ", même en affinant les combinaisons de mots clés.

Par exemple, les sites italiens nous ont abreuvé d'informations diverses portant en vrac sur les problèmes du football, les difficultés du milieu carcéral, les atermoiements de la politique de l'environnement, et un certain nombre d'échecs de projets lancés par différents hommes politiques de diverses couleurs, le tout assaisonné de débats ou de dissertations idéologiques ampoulés. Pour être complets, il faut ajouter que l'ambiguïté du langage aidant, l'occasion nous a été donnée de visiter des sites " de charme ".

Parfois, c'est vrai, nous avons obtenu des résultats correspondants aux recherches : il s'agissait de traductions d'articles publiés en anglais, de comptes rendus de travaux réalisés au sein d'entreprises anglo-saxonnes ou de commentaires d'études faites... aux Etats Unis bien sûr ! Dans un cas, le résultat de la recherche nous a paru alléchant ; hélas, le site était crypté. Tout en étant meilleure, la situation des sites francophones ne permet pas vraiment de conclure qu'il existe dans nos contrées une solide expérience en la matière.

En bref, nous sommes dans une de ces situations où l'absence d'information est une information précieuse en soi : impossible de trouver de ce côté-ci de l'Atlantique des études statistiques ou des analyses sérieuses sur les résultats des projets, basées sur des enquêtes effectuées auprès d'entreprises ou d'organismes européens.

Dans Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, on fête les " non-anniversaires " ; dans notre voyage au pays du réel, nous devons approfondir cette importante et éclatante “NON INFORMATION”.

La situation est-elle meilleure en Europe qu'aux Etats Unis ?

L'absence d'enquête approfondie dans nos pays porterait à conclure que les choses vont nettement mieux en Europe (il n'y a pas de fumée sans feu ma bonne Dame... ), seulement voilà... il y a trois siècle l'Europe était à l'avant-garde dans tous les domaines. En trois siècles, quelques pèlerins, de nombreux paysans et autant d'éleveurs émigrés Outre-Atlantique ont créé une civilisation industrielle dont l'Europe dépend aujourd'hui dans une très large mesure. On peut légitimement penser que les problèmes, les échecs et les retards sont plus nombreux chez nous qu'aux Etats Unis.

“ L'erreur” vue des deux côtés de l'Atlantique

Les américains ont une tradition de pionniers. Les échecs et les déboires font partie de leur patrimoine culturel au même titre que le succès. La conquête de l'Ouest est une succession de tentatives, de gaspillages, d'échecs et... de succès. Un échec aux Etats Unis n'est ni un crime ni une honte dès lors qu'il sert à progresser ; un employé qui débat des échecs ou des gaspillages dans sa société n'est pas nécessairement considéré comme un traître et il parle en général avec l'accord de ses chefs. Tous ces gens vivent dans l'idée de participer à un travail collectif dont chacun tirera un bénéfice au même titre que sa société. Quand on parcourt en train le trajet New York - Boston on aperçoit des cimetières au milieu des bois sans aucune trace d'activité humaine aux alentours : quand une activité n'est plus rentable, on la ferme et on déménage.

Les choses sont différentes chez nous. D'abord, nous considérons les échecs et les gaspillages comme des phénomènes illogiques, impossibles à admettre dans un environnement rationnel. Ensuite, l'erreur draine derrière elle une odeur de faute inconfortable et une marque de culpabilité qu'on préfère laver avec le sang d'un autre ; dans ces conditions, nous ne pouvons pas créer d'échecs ; en aucun cas un échec ne doit et ne peut nous être imputable ; seuls " les autres " commettent des erreurs.

Lorsqu'un projet va mal dans nos contrées, neuf fois sur dix on s'acharne à le tenir debout à force de béquilles ; on fait comme s'il était vivant alors même qu'il dégage déjà de loin l'odeur de la putréfaction. Ce faisant nous imitons ces tribus primitives qui honorent et nourrissent leur monarque longtemps encore après sa mort.

L'informatique est un de ces domaines où camoufler et dissimuler les résultats est le plus facile. C'est moins simple dans le domaine du " hard " : difficile de mener “virtuellement” à bon port et selon le calendrier établi un navire qui perd ses hélices en pleine mer !

Chez nous retards, gaspillages et échecs sont des phénomènes politiquement incorrects. Donc : Pas de statistiques ! Circulez, y'a rien à voir ! Et si quelque missionnaire venu d'Outre-Atlantique réussissait à extraire des données bien de chez nous, on pourrait franchement douter de leur validité universelle.

Nous ne voulons pas dire par là que l'Europe est à la traîne dans tous les domaines : dans le défi spatial les européens ont par exemple obtenu de grands succès grâce, entre autres, à un groupe de pionniers, de scientifiques, d'ingénieurs et d'hommes d'Etat à l'origine des premières expériences dans le désert algérien.

Et pourtant... Avant cette série d'expériences, l'organisme qui s'occupait des vecteurs spatiaux avec beaucoup moins de succès s'appelait l'ELDO, nom qui résonne aujourd'hui comme une sorte d'Alésia : ELDO, qu'est-ce que vous lui voulez à l'ELDO ? L'ELDO, connais pas !

Cet organisme était financé par les contribuables. Ces derniers ne seraient-ils pas intéressés par la façon dont leur argent a été utilisé, surtout dans un domaine qui enregistre des succès aujourd'hui ? Connaître et diagnostiquer les erreurs du passé ne pourrait-il pas servir à éviter de les reproduire en boucle ?

Mêmes interrogations sur l'affaire dite des " avions renifleurs ". Dans ce cas, la commission parlementaire constituée en 1985 travailla sous le sceau du secret... qui perdure encore aujourd'hui. Les deniers sont publics, les comptes rendus sont très privés. Il ne s'agit pas ici des implications politico-affaristico-judiciaires pour lesquelles on peut comprendre le recours à l'arme du secret d'Etat ; il s'agit de comprendre les processus qui ont conduit des personnes expérimentées à mal placer leur confiance et qui expliquent un tel retard dans la clarification de l'affaire. Ne nous priverait-on pas de la possibilité de tirer profit de l'expérience passée dans le seul but de maintenir intact le principe universel de l'infaillibilité des hommes au pouvoir ? Qu'est ce qui va de travers au Royaume du Danemark?

On s'étonne bien sûr du silence qui pèse sur des affaires de cette importance, mais la surprise est encore plus grande quand on constate que les dénonciateurs de ces faits au nom du " bien public " poursuivent souvent en réalité des fins " scandalistiques " ou idéologiques étrangères à l'intérêt commun et justifient, en jouant sur la polémique, ceux qui avec le temps, au lieu de parler comme ils le devraient, deviennent des experts ès mutisme.

C'est ainsi que des spécialistes, à défaut de données locales à se mettre sous la dent, en sont réduits à introduire des statistiques de contrebande pour analyser savamment la situation de leurs pays... comme si les données américaines devaient forcément s'appliquer à tout autre contexte... globalisation quand tu nous tiens !

QUE FONT LES " SPECIALISTES " ?

Le désintérêt des milieux universitaires

Des problèmes de portée aussi générale devraient légitimement faire l'objet d'études approfondies et pluridisciplinaires dans les milieux financés par les contribuables : les contacts que nous avons eus nous portent à croire que ce type d'argument est le " dernier des soucis " des chercheurs " indigènes ".

Ainsi un professeur nous a-t-il judicieusement fait remarquer que le terme " pathologie " était sémantiquement inapproprié pour une organisation. Un autre est revenu sur le terme de " génie " tel que nous l'avions défini. Un troisième s'est limité encore plus judicieusement à se taire. Enfin un quatrième s'est étonné que nous n'ayons pas lu un ouvrage selon lui fondamental qui n'existait qu'en exemplaire unique à la Bibliothèque Nationale, au Rez de Jardin, Lieu Saint réservé aux élites, où il s'est bien gardé de nous aider à entrer. Après avoir longuement négocié et passé un interrogatoire approfondi pour pouvoir consulter “le livre” montre en main et dans un temps limité, nous avons pu constater qu'il ne faisait pas vraiment avancer “le schmilblick” sur nos interrogations.

Des non initiés comme nous sont-ils vraiment les mieux placés pour traiter ces sujets ? peut-être pas, mais alors qui les traite ? A notre connaissance personne. Le sujet qui nous tient à coeur est d'une nature hybride, du strict domaine privé pris au cas par cas et d'intérêt général quand on l'examine statistiquement. Ayant ces deux natures il finit par être considéré dans les faits comme inexistant. Un personnage érudit et pédant des Fiancés de Manzoni, (voir bibliographie des "projets pathologiques") Don Ferrante, en examinant le problème de la peste à Milan décréta que la contagion n'étant ni “une substance” ni “un accident” elle ne pouvait pas exister, et n'ayant pris aucune précaution, il finit par mourir “en s'en prenant aux étoiles”.

On devrait d'ailleurs se demander si un plus grand intérêt pour ces problèmes accélèrerait vraiment la carrière universitaire d'un chercheur. Rien dans notre environnement ne semble encourager ce genre d'initiatives et les candidats au suicide carriériste sont de moins en moins nombreux. Bien sûr, si des chercheurs américains se mettaient à étudier le sujet et qu'il devenait à la mode, on verrait des bataillons de chercheurs “indigènes” se précipiter sur le terrain avec intérêt ; mais ce n'est pas encore le cas, il ne reste donc qu'à attendre une initiative dans ce sens venant d'Outre-Atlantique.

En attendant, chercheurs et universitaires dépensent toute leur énergie sur les sujets d'usage et sur la panoplie classique de la gestion de projet : méthodes, méthodologie, procédures, pilotage et qualité,... tout ce que vous devez savoir enfin pour bien gérer vos projets. Emérites professeurs qui se détournent sans ciller d'études relevant autant des techniques de gestion que de la psychopathologie du travail... brillants chercheurs qui, occupés à peaufiner les algorithmes du pilotage ou à disséquer les conséquences du taylorisme sur le mouvement ouvrier des années 30, passent à côté de pans entiers de pathologies et de souffrances humaines produits à la pelle (et aujourd'hui !) par les projets foireux. Ainsi soit-il.

“ L'accompagnement” des consultants

Comme nous l'avons dit, les spécialistes et consultants connaissent très bien les statistiques américaines ; ils savent donc que les projets sur lesquels ils sont appelés à travailler ont - dans des conditions normales 74 % de chances soit de ne pas tenir les coûts et les délais (46%) soit de ne pas aboutir du tout (28%) - statistiques américaines de 1998. Si c'est en milieu pathologique qu'ils “travaillent”, les probabilités de dérive et d'échec sont évidemment bien plus élevées. On s'attendrait naïvement à les voir hurler sur les toits en lançant des cris d'alerte ; mais soyons raisonnables, ce ne sont pas des candidats au martyre. Ils font en somme ce que chacun ferait avec ses clients et distribuent la bonne parole avec énergie : méthodes, méthodologie, outils de pilotage et qualité en solde,... tout ce que vous devez savoir enfin pour bien gérer vos projets. “Auri sacra fames !” disait le pirate aux béquilles des aventures d'Astérix.

LA SACRALISATION DU POUVOIR

On respectait autrefois dans le monde religieux le principe de l'infaillibilité ; autres temps, autres moeurs : l'Eglise reconnaît aujourd'hui ses erreurs et multiplie les excuses. L'infaillibilité est désormais laïque : à partir d'un certain niveau de pouvoir un dirigeant est par nature “infaillible” et intouchable. Les cas dans lesquels un puissant a été convaincu d'incompétence ou de corruption sont très rares dans nos contrées et pour cause : ceux qui ont jamais osé avancer pareilles accusations ont souvent fini par connaître au mieux la lassitude ou quelques ennuis. Un exemple parmi d'autres :

Au cours de ces six ans de galerie financière, j'ai souvent eu l'impression que l'architecture de la Justice avait été conçue autour d'un article préalable au code pénal qui en donnerait le chaînon manquant : la loi s'applique à tous, sauf à celles et ceux qui détiennent un pouvoir politique ou économique.” Notre affaire à tous - Eva Joly - Editions les arènes. Juin 2000.

DEUX CONCEPTIONS DE L'APPARTENANCE A UNE COMMUNAUTE

Pour approfondir encore les raisons des statistiques fantômes en Europe, nous allons prendre apparemment un peu de distance avec le sujet principal ... apparemment seulement, car comme nous l'avons déjà dit, tout projet quel qu'il soit n'a aucune chance d'aboutir sans travail d'équipe et sans coopération.

Aux Etats-Unis, l'hymne national est largement connu des citoyens et M. Toutlemonde le chante communément au garde-à-vous et la main sur le coeur. Même sans l'être universellement, la police est généralement respectée et les pompiers sont considérés dans de nombreux cas comme d'authentiques héros (réf le 11 septembre).

Mais les Etats-Unis ne sont pas seulement cela : les critiques les plus sévères contre le système ne viennent pas de l'extérieur mais de l'intérieur du pays et pourtant, dans la plupart des cas, ceux qui critiquent leur pays l'aiment, le respectent et pensent ou espèrent contribuer à son amélioration. La “mort d'un commis voyageur” n'a pas été écrit en Europe mais aux Etats-Unis et traite sans concession d'un individu broyé par la société et supprimé du règne des vivants bien encore avant sa mort physique. “The never ending wrong” n'a pas été écrit en Europe mais aux Etats-Unis et revendique le droit à la justice pour tout être, même le plus odieux. Il ne s'agissait pas d'une revendication idéologique ou théorique ; l'auteur (Anne Katherine Porter), de famille aisée, se jeta à corps perdu dans la défense de Sacco et Vanzetti. Et c'est enfin dans ce pays qu'ont été mises en lumière des statistiques impressionnantes sur les ratages et les dysfonctionnements dans le domaine des projets. Quand on est fermement convaincu que le progrès est possible, alors et seulement alors, on trouve le courage de dénoncer les déviations du système avec lucidité.

Sur le Vieux continent, les choses vont autrement. L'hymne national est rarement connu et il lui arrive même d'être sifflé (officiellement par des individus isolés...). La police est déconsidérée et pratiquement interdite d'accès dans de nombreux quartiers et les pompiers y sont accueillis à l'occasion par des jets de pierre avec visite à l'hosto en prime, histoire de s'amuser un peu (toujours officiellement par des individus isolés... ). C'est un phénomène connu des Etats-Unis aussi, bien sûr, avec la différence importante que de ce côté-ci de l'Atlantique, loin d'en être choqués, nos “intellectuels” y trouvent souvent des justifications approfondies. Et c'est aussi ici qu'on entend de bonnes âmes déclarer avec orgueil et en gonflant le torse qu'ils ont “honte de leur pays”. Pourtant, en même temps, on commémore avec solennité et on célèbre avec pompe les centenaires, bicentenaires, millénaires et bimillénaires à grand renforts de drapeaux, de discours et de défilés imposants. On fête aussi les victoires chez soi avec orgueil... mais discrétion, parce qu'il s'agit souvent des défaites du voisin et peuple frère d'aujourd'hui. Cérémonies et fraternité en abondance donc... qu'on confie même par appels d'offre à des sociétés spécialisées.

Etranges pays où l'on voit des individus blasés, débrouillards, désenchantés et fiers de l'être, prêts à s'entretuer par ailleurs pour des concepts ou des idéologies fossilisés dans le temps comme des restes de dinosaures dans la roche. Etranges royaumes où se mêlent le “chacun pour soi” et le solidaro-humanitarisme servi en logorrhée à toute heure du jour et de la nuit. Contradictions apparentes en vérité car là où manque la substance et l'essence d'un intérêt commun ce sont les mots ronflants, le verbiage et l'irrationnel qui comblent le vide et qui prédominent.

Nous avons tout inventé ou presque et nous sommes tellement parfaits - ou nous considérons comme tels - que le simple fait d'aller de l'avant en mettant en évidence les problèmes est considéré comme un atteinte à l'ordre public ou comme une dangereuse... régression. Bien sûr chez nous aussi on pratique la critique, mais le plus souvent elle est d'ordre idéologique et sert principalement - non pas à faire avancer les choses - mais à détruire le camp adverse au profit d'une idéologie particulière.

Enfin, cette Europe qui cultive depuis des siècles une infinité de liens culturels est unie aujourd'hui par des traités solennels ; mais l'est-elle dans les esprits et dans les coeurs des citoyens qui la composent et des bureaucrates qui la dirigent ? ou bien s'agit-il d'une passoire qui perd de tous côtés au gré d'idéologies réchauffées qui la vident de contenu authentique ?

Les guerres fratricides et les conflits incessants des siècles passés ont usé chez beaucoup ces concepts qui étaient liés à une identité nationale ; mais à la perte de cette notion ne s'est pas substitué un sentiment fort d'appartenance à cette identité nouvelle qu'on nomme l'Europe. Cette région semble plutôt être le domaine des bureaucrates et des affairistes et lorsqu'elle est considérée favorablement c'est à des fins utilitaires et pratiques, pas comme la patrie de ses citoyens. De nombreux fonctionnaires européens sacrifient du temps et de l'énergie à la construction de cette communauté mais tous leurs efforts se heurtent à une question de fond : quelle Europe voulons-nous ? Veut-on d'une structure bien organisée et fonctionnelle mais sans âme ? Craint-on que la notion de patrie appliquée à l'Union ne fasse ressurgir les vieux démons et les désastres fratricides qui ont déchiré l'Europe des nations ? Sans doute un individu privé de peau et d'une identité forte ne pourra-t-il jamais déclencher de conflits, mais n'est-il pas tout aussi sûrement condamné à mourir ?

Et les opposants à l'Europe ne raisonnent-ils pas plus en négatif qu'en positif : on est contre l'Union tout en lui opposant des objectifs galvaudés et contestables ; on est contre la mondialisation, mais en quoi diable consiste donc alors la “non mondialisation” ?

Il semble qu'à cette Europe, machine imposante, réglementée et programmée, ne manque en définitive qu'une âme, cette passion et ce sentiment d'appartenance qui seuls pourraient assurer sa vitalité et son progrès.

CONCLUSION

Dans cet épisode, nous nous sommes apparemment éloignés de notre sujet central qui est l'absence de statistiques européennes en matière de projets. Pourtant, en approfondissant le problème et y en cherchant des raisons, y compris culturelles, tout nous ramène à un constat qui fait écho au chapitre Exeunt Omnes des projets pathologiques: dans nos contrées, rien ne pousse l'establishment à se remettre en cause.

Notre analyse pourra paraître très simpliste à certains. C'est souvent le cas lorsqu'on aborde les problèmes globalement. Nous avons précisé en outre quel genre d'aide nous a été fourni pour nous documenter. Reste un constat de base incontournable : l'absence de statistiques européennes sérieuses sur les projets. Si quelqu'un parmi les lecteurs de ce site est en mesure de fournir des hypothèses plus solides pour expliquer cette situation, nous serions très heureux de les connaître et encore plus heureux de nous être trompés.

Malgré tout, si nous ne pensions pas et n'espérions pas que la situation puisse être améliorée, nous n'aurions jamais entrepris la rédaction de ces deux essais, même si - il faut le reconnaître - il y a des raisons d'être pessimistes.

Pessimistes au vu de la situation actuelle ; mais optimistes parce que les pré-requis et la substance existent pour l'être : l'Europe compte en effet des millions d'individus dans toutes les branches du savoir et du travail, compétents, actifs, capables et sûrement en mesure d'aller de l'avant pour peu, bien sûr, qu'on leur donne l'occasion de le prouver...

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