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Postscriptum n°18 - Démocratie représentative...(suite et fin)

Préambule

Dans cette nouvelle page consacrée au thème de la démocratie représentative, nous nous intéresserons de plus près au comportement des élites et à ses conséquences sur la vie du peuple. Et nous conclurons par un hommage à Mario Monicelli, qui illustre de façon éclatante les travers des italiens en matière de politique.

Comment le pouvoir dévoie la démocratie

Dans la page consacrée à la démocratie représentative (N° 17 une démocratie bien peu représentative), nous avons d’abord défini la démocratie "idéale" comme celle qui respecte "la grande hypothèse" de la "souveraineté du peuple", avant d'analyser l’état actuel de la démocratie représentative, que nous avons qualifié de "plus abouti" ou "plus stable" : dans cet état, le pouvoir politique a considérablement limité le pouvoir de sanction des citoyens (il n’y a presque plus de feedback "bottom up"), tout en augmentant en parallèle ses propres privilèges, sans pour autant enfreindre, au moins formellement, ni la constitution, ni les lois. En Italie, pays que nous avons cité en exemple sur ce thème, les scandales désormais quotidiens ne modifient pas substantiellement le fait que ses institutions s’inscrivent bel et bien dans le modèle de la démocratie représentative.

Cependant, en raisonnant un cran plus loin, il nous semble qu’un nouveau pas a été franchi par le pouvoir vers un type d’institution qui, tout en se réclamant de la "démocratie représentative", ne peut plus être considéré dans les faits comme démocratique. Illustrons ce constat par 2 exemples:

Premier exemple : le dévoiement du principe de l'immunité parlementaire 

Nous avons signalé précédemment que la constitution italienne attribue au Parlement seul, le droit d’autoriser l’arrestation d’un de ses membres, si l’autorité judiciaire le demande. Or si le Parlement n’accordait jamais cette autorisation, on pourrait en conclure qu’il ne respecte pas la constitution, car il serait absurde qu’un article de la constitution, invoqué des centaines de fois et admettant deux possibilités, ne soit appliqué systématiquement que d’une seule façon.

En pratique, une telle autorisation est accordée tellement rarement, qu'on peut considérer désormais la probabilité de son application comme nulle. Disons que le parlement est " hors la loi" statistiquement parlant, ou mieux : la probabilité que le parlement respecte la loi est de zéro.

Deuxième exemple : l’escamotage de la loi abolissant le financement des partis

Dans le sillage de tangentopoli et des multiples scandales que cette péripétie politique italienne avait fait émerger, un référendum d’initiative populaire fut adopté dans les années 90 en Italie pour abroger la loi relative au financement public des partis politiques. Tout financement public aux partis devenait donc illégal.

Mais c’était sans compter sur l’inépuisable fantaisie et créativité du pouvoir politique quand les intérêts supérieurs de la patrie sont en jeu. Certes, le financement public des partis était interdit, mais il restait dans le corpus législatif des dispositions relatives au remboursement des frais électoraux que les politiciens italiens s’empressèrent de manier et remanier tout au long des années pour aboutir finalement à reprendre de la main gauche, en quantité supérieure, ce que la main droite avait du concéder au pays. Poussant le zèle patriotique à son maximum, ils arrivèrent ainsi à obtenir in fine, via la fiction du remboursement des frais électoraux, bien plus de financements, que ce que leur aurait autorisé la loi sur le financement des partis avant son abrogation.

C’est ainsi que depuis plusieurs années, les remboursements accordés par le Parlement, ont donné lieu à une série d'affaires retentissantes, qui ont révélé à quel point les partis politiques dissipaient les énormes sommes qu’ils s’étaient accordés, lesquelles sommes n’avaient aucun rapport avec les dépenses supportées à l’occasion des élections.

Cependant, compte tenu des sacrifices saignants que le gouvernement italien actuel impose "techniquement" aux retraités et aux travailleurs, surtout dans le secteur privé, le scandale des "remboursements électoraux somptuaires" a refait surface récemment, et même si le peuple n’a presque plus aucun poids dans les affaires publiques, les milieux du pouvoir ont commencé à craindre que la situation ne devienne explosive.

Aussi les responsables politiques ont-ils dû clamer haut et fort que les partis politiques ne pouvaient se passer de financements publics, et recycler en véritable financement des partis la fiction des "remboursements des frais électoraux", mais avec un peu de mesure tout de même. La petite dernière des lois pondues sur le sujet, la loi n° 96 du 6 juillet 2012, porte dans son intitulé même la marque de l’escamotage : Norme in materia di riduzione dei contributi pubblici in favore dei partiti e dei movimenti politici, nonche' misure per garantire la trasparenza e i controlli dei rendiconti dei medesimi. Normes relatives à la réduction des contributions publiques en faveur des partis et des mouvements politiques, et mesures pour garantir la transparence et le contrôle des comptes rendus de ces derniers.

Mais puisqu’on vous dit que les contributions publiques aux partis politiques sont interdites depuis 1993 ! dirait un revenant des années 90. Ben ouais mais en fait pas tout à fait ! répond la petite loi n°96 vert-blanc-rouge née en 2012, c’ta dire qu’on les réduit en fait.

En gros, pour reprendre les mots d’un journaliste italien connu, voici ce que les politiciens italiens ont réalisé dans ce petit tour de passe passe qui se joue depuis plusieurs années: premier temps : je multiplie par 20 les sommes perçues par les partis via la fiction des remboursements électoraux. Deuxième temps : je divise par 2 le droit aux sommes perçues (loi n°96) et dans la foulée je fais passer la pillule de la réinstitutionnalisation officielle du financement des partis, en l’appelant « réduction des contributions publiques ».

En conclusion, nous pouvions encore dire jusqu’à une période récente que les partis politiques se comportaient de façon arbitraire, mais nous ne pouvions pas affirmer que ce comportement était en contradiction ouverte avec la constitution.

Tout le monde sait désormais, non seulement que le Parlement n’a pas respecté la constitution, mais encore qu’il n’a aucune intention de la respecter, puisque l’interdiction du financement des partis établi par le référendum de 93 a bel et bien été escamotée.

Plus grave encore. Le vote populaire qui annulait le financement des partis avait une signification évidente : pour les citoyens, il ne s’agissait pas tant d’interdire le financement des partis, que d’exprimer l’aversion justifiée qu'ils nourrissent pour une classe politique qui ne mérite désormais plus aucune estime.

Or la réaction de cette même classe politique a été, à cette occasion, comme dans tant d’autres, de « museler » encore davantage le peuple, grâce notamment à des accords bilatéraux entre "adversaires", et de poursuivre son action en empilant les privilèges.
Pour ceux qui, pratiquant l'italien, voudraient se faire une idée du degré auquel sont arrivés les professionnels de la politique (c'est-à-dire les antipolitiques), nous conseillons l’adresse suivante: http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=pAhl74u3jUcr. Ils pourront toucher du doigt les contorsions dont sont capables les hommes politiques, quand ils se donnent la peine de fouiller dans les poches de leurs concitoyens.

Ceux qui seraient intéressés quant à eux, par les liens étroits qui lient les élites et le pouvoir politique, peuvent aussi aller à l’adresse qui suit (s'ils ont la chance d'appartenir au cénacle des personnes habilitées, puisque le lien n'est plus accessible librement depuis sa mise en ligne sur cette page - voir postscriptum 21 - § sur les subventions à la presse) : http://www.senato.it/notizie/RassUffStampa/120529/1fio4u.pdf.

Le pouvoir politique est extrêmement faible et ne peut que l’être, quand il s’agit de prendre des mesures allant à l’encontre des intérêts d’élites privilégiées ou tout simplement de minorités agissantes possédant un pouvoir de nuisance (voir le nombre de fois où l’on applique la procédure NIMBY en Italie - id est "Not In My Backyard"). Par contre ce même pouvoir politique se montre extrêmement fort et particulièrement intraitable, quand il s’agit de tondre les classes moyennes, ou ce qui de nos jours devrait être appelé «la petite bourgeoisie» (beurk, pouah, quelle horreur dirait le petit-bourgois lui-même..), classes qui, depuis des millénaires, ont toujours bénéficié de la préférence du pouvoir (et à juste titre tant elles sont touchantes dans l’exploitation que l’on fait d’elles), quand il s’agit de les tondre à grande échelle.

Bonne lecture donc et surtout ne vous mettez pas la rate au court-bouillon inutilement.

Cette aspiration profonde des citoyens à voir finalement émerger une nouvelle génération d’hommes politiques honnêtes et compétents, est désormais qualifiée "d’antipolitique" par les politiciens corrompus. Non contents de saccager les ressources du pays, de le vider de sa substance, ou de le vendre à leur profit, ils saccagent par-dessus le marché aussi le dictionnaire, pareils à des squatteurs qui défileraient dans les rues pour défendre le droit à la propriété privée !!!!

Arrivés à ce stade, la situation devient franchement cocasse : alors que le pouvoir en place peut enfreindre la loi en toute impunité, ceux qui tentent de s’opposer à cet état de choses sont contraints, eux, d’utiliser le seul moyen, strictement légal, mais d’une efficacité plus qu’incertaine, qu’est le recours au référendum. Référendum qui n’a que très rarement réussi à réunir par le passé, à la fois le quitus de la cour constitutionnelle, et le quorum prévu par la loi.

Disons ici par parenthèse que d’une façon générale les disciples de l’idéologie néo-libérale semblent s’inspirer d’un bienfaiteur de l’humanité, nommé von Hayek, qui aurait affirmé :

"Il faut fournir aux indigents et aux affamés juste ce qu’il faut d’aide pour protéger ceux qui doivent l'être, d’éventuels actes de désespoir de la part des plus démunis".

C'est d'ailleurs le même Von Hayek qui a aussi affirmé avec raison :

“With the exception only of the period of the gold standard, practically all governments of history have used their exclusive power to issue money to defraud and plunder the people.”

On pourra nous objecter que, même si le pouvoir ne respecte pas la loi, le bon sens impose de "subventionner" les partis, ne serait ce que pour éviter d’autres inconvénients bien plus graves encore.

Malheureusement ce bon sens là arrive trop tard. Car ce pouvoir qui a géré jusqu’à présent les biens de l’Etat, artistiques, industriels, domaniaux, de façon ruineuse, administrant le tout d’une façon honteusement partisane, utilise maintenant l’arme du bon sens pour, une fois de plus, plonger la main encore plus profondément dans les poches de citoyens déjà bien essorés.

Entretemps, pendant que les différents courants du parti unique au pouvoir se chamaillaient au nom des suprêmes intérêts de la patrie, c'est-à-dire pour le partage du butin, capitalistes, financiers et industriels s’employaient à exporter industries et capitaux, en toute discrétion, mais avec constance, en laissant sur la paille le pays tout entier, avec la sainte bénédiction de la communauté européenne, porte-bannière intraitable (voire même parfois "enragé") des sacro-saints principes de l’idéologie néo-libérale.

Sur la base de ce qui précède, nous pouvons dire maintenant que le pouvoir peut, dans certains cas, se passer de respecter la loi ; et que même dans ces cas, la constitution ne prévoit rien pour l’en empêcher et aucune institution ne peut intervenir.

Mais il est encore un autre cas dans lequel le pouvoir, loin de tenir compte de ce que pense la population, s’enferme dans une forteresse, toujours moins accessible à la masse du peuple.

Comment le pouvoir politique s’emploie à éliminer les partis d’opposition crédibles

Nous avons cité déjà l’action de Beppe Grillo, célèbre comique italien prêté à la politique, fondateur du mouvement 5 étoiles (movimento 5 stelle).

Jusqu’à une période récente, les politiciens accordaient à son mouvement entre deux et trois pour cent des votes. Sur cette base, les partis de la coalition gouvernementale (ennemis sur la scène et frères de lait et de sang en coulisses) ont activement envisagé la création d'une loi électorale prévoyant un quorum très consistant, de l’ordre de huit pour cent. Cette "réforme" progressiste aurait eu pour effet d’éliminer, bien sûr sans le vouloir et d’un seul coup du paysage politique, l’IDV (parti ayant parfois des attitudes dangereusement correctes), l’extrême gauche et surtout le mouvement de Grillo, mouvement odieux s’il en est, qui, quelle horreur ! prévoit de diminuer le salaire des politiciens, d’éliminer les véhicules et les avions de fonction, et pire encore de supprimer le financement des partis : une vraie calamité !

Or, il y a peu de temps, un institut de statistiques estima que le consensus de Grillo avait triplé et se situait désormais autour de sept pour cent. Panique !!! Horreur !! Tout l’establishment se jeta dans l’arène, lançant une attaque en règle contre ce mouvement abject qu’aucun média n’avait pris au sérieux auparavant.

L’offensive a été d’une telle ampleur qu’on pouvait prévoir légitimement l’extermination pure et simple de ce mouvement. Il n’en fut rien. Et aux dernières élections administratives partielles, ce mouvement a obtenu malgré tout 10% des suffrages, voire même 20% dans certaines villes, atteignant ainsi la deuxième position. Il est intéressant de noter à ce sujet que, comme le dit Beppe Grillo lui-même, ce mouvement a réussi à créer une opposition intelligente à un pouvoir corrompu, sans obliger ses partisans à se jeter dans les bras de partis extrémistes, à force d ’écoeurement ; ce pour quoi il devrait être remercié.

Bien sûr, toutes les propositions de Grillo ne sont pas à retenir, mais le mépris suscité par le comportement de cette caste de politiciens et le divorce consommé entre le peuple et la caste est tel, que les citoyens rejettent souvent a priori tout ce qui est proposé par le pouvoir.
Maintenant ce même pouvoir est engagé dans des projets alchimiques sophistiqués visant à découvrir la formule grâce à laquelle les trois partis "licites", de plus en plus éloignés du peuple, pourraient de gré ou de force, gagner les prochaines élections politiques et rester, comme de droit, au pouvoir.

Et nous pouvons parier que le pouvoir, loin de renoncer à changer d’orientation et de remédier à ses erreurs ne fera qu’ajouter d’autres entraves, toujours plus efficaces, à l’action des citoyens.

Conséquences

Il y a une cinquantaine d’années le chômage était extrêmement réduit et la légende ridicule des "travaux que les italiens refusent de faire" n’était pas encore en vogue. Les universités, même avec les défauts qui florissaient déjà à l’époque, diplômaient d’excellents techniciens, ingénieurs, scientifiques et médecins.

Le pouvoir et les syndicats ont maintenant inventé les diplômes à points : les employés, surtout dans la fonction publique, peuvent obtenir des diplômes en accumulant des points, avec parfois une étonnante facilité, diplômes qui compensent leur faible valeur professionnelle par une valeur "bureaucratique" inversement proportionnelle, dans le sens qu’ils assurent au diplômé une place assise dans un bureau. Ceci a eu pour effet, d’une part de déqualifier pas mal de diplômes universitaires, et d’autre part, de raréfier les fonctionnaires dans pas mal de métiers. Ne vous étonnez donc pas si on vous explique qu’il est rare aujourd’hui de trouver des gardiens de la paix dans les rues des villes italiennes, ou difficile de croiser des inspecteurs du travail dans les usines, des ouvriers capables de maintenir en bon état le patrimoine artistique et archéologique du pays, ou des balayeurs dans les rues. Vous pourrez les trouver plus sûrement assis dans des bureaux, sur les rehausseurs que sont les diplômes à points.

Mais le niveau des études universitaires s’est dégradé aussi pour d’autres raisons que nous ne sommes pas en mesure d’analyser, indubitablement réelles, et qui ont conduit les universités italiennes à dégringoler dans les classements mondiaux. Et dans le fond quelle importance peut bien avoir un diplôme, si après l’avoir obtenu un jeune peut s’estimer heureux de travailler dans un call center, où le temps consacrer à se soulager lui est décompté ? Rappelons que 35% des jeunes sont au chômage en Italie, sans compter ceux qui, ayant renoncé à trouver un job quelconque, ne prennent plus la peine de se faire recenser.

Après des décennies pendant lesquelles les élites qui gangrènent le pays ont pu faire la pluie et le beau temps sur le dos des citoyens, un poison lent a fini par envahir et modifier le caractère de nombreux jeunes, qui se sentent plus concernés par les enjeux du monde footballistique, par les nuitées passées dans des night clubs où la drogue circule à souhait, ou par d’interminables discussions vaseuses dans des bars « à pizza », plutôt que par des études sérieuses dans lesquelles on ne progresse qu’à force de travail et d'efforts.

Nous avons récemment lu dans des blogs les lamentations de jeunes qui, gagnant 500 ou 600 euros par mois arrivaient "à peine" à aller au night club une fois par semaine. Ce relâchement d’une part de la jeunesse est le fruit de l’attitude et des malversations d’un pouvoir indigne de contrôler la vie du pays.

Il n’est pas rare de trouver encore des jeunes qui s’occupent activement de politique, mais on découvre avec déception que trop souvent ils conçoivent les batailles politiques comme des matchs de football, et non comme des engagements pour la défense de leurs intérêts et des intérêts de leurs concitoyens.

Comme le disait Alessandro Manzoni ceux qui commettent des délits ne sont pas seulement responsables de leurs actions, mais aussi des erreurs que leurs victimes sont conduites à commettre. Et les jeunes sont de fait les premières victimes du pouvoir.

Ne parlons pas enfin de cette malédiction que représentent les extrémistes de tous bords, qui prétendent améliorer la situation par le désordre et la violence, plaie récurrente dans le pays, qui a causé d’infinis dégâts dans le passé et qui menace de revenir sur le devant de la scène. Les "Révolutionnaires", pain béni pour le pouvoir en place, qui les utilise comme des épouvantails pour effrayer le troupeau (car c’est bien ainsi que les élites et les politiciens considèrent leurs concitoyens) et le convaincre de rester au bercail.

De nos jours l’Italie risque d’être ensevelie, au propre comme au figuré par une montagne d’ordures, mais…… où trouver les balayeurs disposés à faire place nette ?

A la fin de l’histoire nous pouvons nous poser une question bien légitime : "peut-il exister une démocratie représentative vraiment démocratique, sans un pouvoir animé par une éthique rigoureuse ? ".

Une démocratie représentative peut elle être durablement démocratique ?

Epilogue pessimiste

Dans une scène du film "la grande guerre" de Mario Monicelli on voit un général appuyer une médaille sur la poitrine d’un soldat, sans pour autant prendre le soin de l’épingler, comme si la médaille devait se tenir toute seule à l’endroit où elle était posée, par la seule volonté du général.

On peut dire que l’attitude de ce général est une attitude inhérente au peuple italien. Tout le monde pense qu’une fois prise une sage décision, tout le reste s’ensuivra nécessairement, ce qui est faux. Les check lists ne sont pas dans l’ADN des italiens et de ceux qui les gouvernent.

  • Les italiens ont décidé que l’eau doit rester publique, mais personne ne se soucie du fait qu’avant de nationaliser la distribution de l’eau, il faudrait déjà s’assurer que les organismes censés s’en occuper soient débarrassés des parasites, des corrompus, des pistonnés et des incompétents qu'ils abritent. Le désastre qui s’ensuivra fait partie du programme.
  • Le gouvernement décide de retarder l’âge de la retraite, mais sans se soucier de ceux qui ont quitté leur société confiants dans une retraite proche, sur la base des droits acquis précédemment. Disons en passant qu’alors qu’aucun droit acquis n’est réellement reconnu au bas peuple, le gouvernement les a rigoureusement reconnus au contraire à ceux dont les émoluments se comptent en centaines de milliers d’euros par an ; ce qui a permis au premier ministre actuel d’affirmer que les réformes sont justes et nécessaires.
  • Le peuple italien a rejeté les programmes nucléaires, mais la façon dont on pourra se passer de ce type d’énergie est loin d’être claire. Le pouvoir a décrété le triomphe des idéologies universalistes et néo-libérales sans se soucier le moins du monde des conséquences ruineuses sur l’industrialisation du pays.
  • On a créé des organisations régionales a gogo, sous prétexte que cela permettrait de réduire le personnel public, d’accroitre l’efficacité des services publics et de réduire les budgets de l’Etat. Pour ce qui est de la réduction du personnel, il s’agit d’un secret bien gardé. Nous n’avons rien trouvé d’exploitable. Pour avoir une idée des difficultés que rencontrent les explorateurs courageux qui s’aventurent dans cette "terra incognita, voir : http://giuseppeferrari.wordpress.com/lo-stato/stato-e-pubblica-amministrazione/i-dipendenti-pubblici-in-italia/. Sans doute s’agit il d’un secret défense bien gardé. A part le fait qu’un bureaucrate romain préfèrera toujours la mort et la guerre nucléaire à son transfert dans une quelconque ville d’Italie, autre que Rome, la conséquence certaine a été une impressionnante augmentation des dépenses publiques, sans pour autant connaître l’évolution de la masse salariale. Maintenant on décrète la suppression des provinces, organismes inutiles et gaspilleurs, mais on ne se soucie pas des employés publics de ces provinces qui, évidemment, ne peuvent pas être traités comme s’il s’agissait de misérables salariés ou retraités du privé.
  • On décrète au niveau populaire qu’aucun chemin de fer à haute vitesse ne doit passer par la vallée de Suse, sur la base d’études peu convaincantes, et le pouvoir décrète la construction de ce même chemin de fer, sur la base de budgets peu convaincants et qui dans le passé se sont toujours révélés fantaisistes et sources de corruption, concussion et pots de vin monstrueux. La conséquence pourrait bien être la suppression d’un programme qui aurait pu se révéler utile, ou bien un gaspillage monstrueux d’argent public, suivi par l’arrêt des travaux par manque d’argent.

Le « yakafaukon» et « yakayaka» propres à n’importe quelle civilisation sur terre, fleurissent ainsi particulièrement dans le pays des orangers et des lauriers.

Dernièrement des millions d’italiens ont commencé à s’enthousiasmer à l’idée de pouvoir élire directement le président de la république, mais combien sont-ils ceux qui s’intéressent à la "consistance" et aux qualités que devrait posséder ce président ? Si la réforme devait être appliquée, il y a un vrai risque que l’élu puisse être un type décidemment - disons - "burlesque".

Et quand dans ce pays on se trouve devant le dilemme de, soit devoir étudier à fond par nécessité les conséquences d’une possible décision, soit de ne rien décider du tout, on préfère neuf fois sur dix la paralysie et l’inaction.

Nous écrivons cela avec une pointe de tristesse d'ailleurs, car, sur la base d’une enquête approfondie, nous avons découvert qu’un des participants de notre site souffre précisément de ce genre de symptômes, allez savoir pourquoi.


Bonus

Si tout ce qui précède devait être trop indigeste au lecteur, nous vous proposons pour rafraîchir un peu l’atmosphère, un article sérieux mais très intéressant et amusant : il s’agit d’un dialogue entre le comique Grillo e Gian Antonio Stella. Un vrai journaliste qui questionne un vrai politique. Un vrai régal. «Voglio processi pubblici per i politici» - Corriere.it

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