Accueil Bas de page Plan du site

Postscriptum n°21 - Progrès, liberté, démocratie: une triade indissoluble ?

Un thème hors de notre portée ?

Bienheureux les antiques qui, lorsqu’ils entreprenaient une oeuvre littéraire, pouvaient invoquer l’aide des Dieux ou des Muses. Mais nous, pauvres manants, passablement ignorants et usés par les ans, qui nous apprêtons à traiter un sujet au dessus de nos maigres forces - qui plus est, avec une mine épointée, que devrions nous faire ?

Renoncer et nous taire ? Appeler à la clémence ceux qui nous liront ? Ou bien nous lancer dans cette entreprise, sans nous soucier des critiques compulsifs toujours à l’affût. Et nous retrousser les manches en puisant dans le peu qui nous reste d’intelligence et dans ce don - divin pour nous - qu’est la liberté, celle de l’esprit d’abord, convaincus que lorsqu’un argument en vaut la peine, on se doit de l’aborder, quoi qu’il arrive.

C’est ce choix que nous faisons dans cette page, comme le seul possible pour quiconque aspire à un peu de liberté, quels que soient ses moyens et ses capacités individuelles. Et si, comme c’est probable, nous ne nous révélons pas à la hauteur de la tâche, que d’autres, plus compétents, reprennent cet argument et le traitent comme il se doit.

Les inégalités sociales

C’est un dogme désormais établi : il n’existe sur terre qu’une seule race humaine ! Voilà une certitude réconfortante qui efface tout doute possible de l’esprit, confortée de surcroît par des études sur les chromosomes montrant qu’entre les européens que nous sommes et l’habitant le plus reculé de notre planète n’existent que des différences infimes ; et même s’il faut ajouter aussitôt que ces mêmes études indiquent en parallèle que les différences entre un être humain et un vulgaire rat d’égout, sont, elles mêmes, plus légères qu’on ne l’imagine.

Et pourtant, on a bien l’impression que depuis l’origine de notre espèce, le génie humain s’acharne avec malice – le diable y mettant la queue - à battre ce dogme en brèche. De progrès marqués en reculs passéistes, le rêve d’une humanité composée d’êtres substantiellement égaux devant l’être suprême, dotés des mêmes possibilités et nourris des mêmes espérances, ce rêve, non seulement ne s’est jamais réalisé, mais il se révèle aujourd’hui de moins en moins réalisable. Les différences entre les êtres ne font que s’accroître, dans un jeu d’alternances, qui dans l’ensemble et sur longue période, révèle hélas une progression impitoyable vers un monde d’inégalités.

Cependant, malgré cette aggravation progressive, nous restons convaincus que le clochard le plus misérable et le plus titré des grands financiers appartiennent à la même race, et qu’au moins au moment de leur naissance les rôles de l’un et l’autre auraient pu théoriquement être inversés. Sans compter qu’au terme de notre parcours sur cette terre, quelles que soient nos différences, la grande faucheuse finit toujours, d’une façon ou d’une autre, par nous unir (quel réconfort !) en toute égalité dans un même sort.

Cette petite introduction terminée, nous allons maintenant tenter de creuser une hypothèse qui pourrait bien faire passer ces différences entre les êtres humains, d’une simple question de statistiques, à un état d’une toute autre nature, si substantiel et si discriminant, qu’il ferait resurgir des enfers les pires et les plus amers souvenirs d’un passé commun. La conclusion pourrait bien en être que progrès, liberté et démocratie ne forment en rien un trio indissoluble. Et pour commencer, excluons d’emblée l’idée que le terme “progrès” puisse être synonyme d’un état de plus grandes liberté et démocratie. Plaise à Dieu que cela fusse le cas !

Les conséquences des inégalités sociales dans le domaine de l’information dans le passé et de nos jours.

Le simple bon sens nous indique qu’à l'âge de pierre le degré d’instruction des couches inférieures de la population était sensiblement le même que celui des chefs de tribus et des sorciers-sacerdotes de ces temps là. Les sorciers fondaient leur pouvoir sur une supériorité de nature psychologique ; tandis que les chefs de tribus le justifiaient par des raisons variées, mais certainement pas par une culture fondamentalement supérieure à celle de leurs sujets.

L’affaire est bien différente aujourd’hui. L’élite de la population dispose de moyens d’information énormes, tandis que le citoyen lambda, à part l’instruction scolaire qu’il peut recevoir, n’a à sa disposition que des moyens d’information extrêmement réduits, souvent pollués, et presque toujours filtrés, au service de castes, partis, syndicats, ou groupes de pression. Dans cette jungle de messages, au contenu d’information très pauvre et de toutes façons presque toujours d’une très faible utilité, le citoyen du commun finit par renoncer à vraiment comprendre, ballotté et louvoyant d’une opinion à l’autre, sans réelle construction.

Si comme nous l’avons fait à plusieurs reprises, nous prenons pour exemple le cas lumineux de l’Italie, et que nous nous penchons un instant sur les messages débités par les différents partis, leurs promesses aux limites de l’indécence et leur baratin digne de marchands de tapis, et que nous y confrontons la façon dont les citoyens ont voté ou votent, nous ne pourrions qu’être figés de stupéfaction, si nous ne connaissions pas l’état misérable dans lequel est tenu le citoyen italien.

Le citoyen vote certes, mais dans la plupart des cas dans un état de complète ignorance. Ignorance qui ne s’exprime pas seulement dans les urnes, mais dans tout ce qui concerne la “Polis” en général. Et qui n’a d’égale que celle, tout aussi constante, dans laquelle il est tenu dans le domaine financier, étant entendu que du point de vue des élites, son existence ne se justifie que par la bonne volonté qu’il met à se faire plumer.

Nous ne tenons pas à être crus sur parole, et, malheureusement, nous ne nous sentons pas de taille à documenter systématiquement chacune des affirmations qui précèdent. Mais comme il nous semblerait incorrect de ne fournir aucun exemple, nous allons ouvrir une parenthèse, à titre d’illustration, sur la question des subventions versées en Italie à la presse et aux médias.

Orgie des subventions à la presse et pauvreté des informations pour les citoyens

Nota Bene pour d’éventuels visiteurs non italianophones : merci de toujours garder à l’esprit que nous ne sommes ni des juristes, ni des journalistes. Nous encourageons donc ceux qui nous lisent à approfondir les recherches sur des sites italiens ad hoc, si le sujet les intéresse.

Pour commencer, nous n’étonnerons personne en disant que la documentation disponible en ligne sur ce sujet est très lacuneuse et souvent contradictoire. Nous fournissons néanmoins dans ce qui suit une série de liens constituant une tentative de documentation.

Finanziamento pubblico ai giornali: le cifre di un'anomalia tutta italiana (fanpage.it)
Ce premier lien sert avant tout à montrer combien il est difficile d’avoir des données précises en la matière : on peut ainsi y voir que l’année sur laquelle portent les financements mentionnés dans l’article n’est pas précisée. Nous n’avons pas réussi à trouver la réponse dans le lien ci-dessus.

http://www.fasi.biz/it/news/norme/44/5334-decreto-legge-63-2012-contributi-editoria.html Ce troisième site convient aux spécialistes et aux chercheurs. Il fait état d’un décret datant de 2012. A noter que les subventions prévues sont beaucoup plus réduites que dans les années précédentes (croyez nous sur parole SVP) à cause de l’action délétère menée par le mouvement 5 étoiles (ah ces sales peaux de vaches populistes!) qui a forcé les membres du parti unique de gauche-centre-droit à entreprendre un régime d’amaigrissement sévère et douloureux. Cependant, sur la base d’autres informations, il semblerait que le parti unique ait réussi malgré tout et malgré la période difficile que nous vivons à verser à ses vertueux correspondants de la presse, la jolie somme de quelques 120 millions d’euros et des broutilles.

Dipartimento per l'informazione e l'editoria - Anno 2010 (informazioneeditoria.gov.it) Ce quatrième lien est un site officiel et permet à un lecteur patient de satisfaire sa curiosité sur les subventions versées en 2010 pour un type de presse bien précis : coopérative, personnes morales, organes de partis politiques, etc... Quand on épluche la liste, on a le soupçon que certaines subventions sont plus liées au fait d’avoir des saints au paradis, qu’à des critères objectifs. Sans parler de leur montant et de la façon dont ils ont été calculés. Pour ce qui concerne la presse commerciale, nous n’avons pas trouvé de données officielles fournies par une institution publique et que l’on puisse considérer comme exhaustives.

A titre d’exemple, la société RCS recevait, en euros actuels, quelques 10 millions d’euros tout droit tirés des poches essorées des contribuables. Mais ce ne sont que des chiffres partiels. Sur cet autre site http://blog.quintarelli.it/blog/2008/05/contributi-alle.html RCS quotidiens aurait reçu, toujours sur les mêmes dates, 17,9 millions d’euros de subventions globales, soit quelque chose comme une vingtaine de millions d’euros actuels.

En résumé, le pauvre contribuable italien aurait payé sans le savoir, à raison de 20 pages par journal (1 euro par exemplaire) quatre cent millions de pages en une seule année. Et bien entendu, les contribuables n’ont strictement rien reçu en compensation de ce qu’ils ont eu la gentillesse de verser.

Nous ajoutons pour information, le blog suivant qui reporte quant à lui un montant de plus 1,6 Milliards d'euros entre 2003 et 2017, en subventions directes uniquement : Quanto hanno ricevuto i giornali dallo Stato? | Pagella Politica, ainsi que le lien suivant trouvé pour l'année 2004 uniquement sur les crédits d'impôt liés à l'achat de papier (84 Millions d'euros) : credito imposta carta.doc (informazioneeditoria.gov.it).

Nous rappelons ici que la majeure partie des sites web s’accordent globalement sur le fait que cette pluie, voire ce déluge, de subventions, n’a aucune justification morale et sont une des nombreuses manifestations des prétentions et du surpouvoir des différentes castes qui infestent l’Italie.

Nous avons indiqué plus haut que le citoyen italien subventionnait, c’est vrai, 400 millions de pages, et qu’en compensation il ne recevait qu’un gros pied de nez de la part des messieurs subventionnés. Mais il nous faut être plus précis parce que le citoyen lambda recevait vraiment quelque chose...dans le passé. Jusque là en effet, certaines institutions, dont la chambre des députés et le sénat, éditaient quotidiennement des revues de presse dans lesquelles les citoyens pouvaient lire des extraits d’articles tirés des différents journaux ; ils pouvaient donc encore recevoir une information, qui bien que pauvre, présentait une certaine utilité. Mais depuis, les éditeurs et le pouvoir sont convenus qu’il était scandaleux qu’un quidam quelconque puisse lire gratis quelque passage que ce soit de quelque article de journal que ce soit.

Ce qui fait que depuis plusieurs années, seules des personnes “habilitées” peuvent accéder à ce genre d’information. Nous considérons normal qu’un journal non subventionné puisse bénéficier de ce type de droit, mais il nous semble scandaleux que des journaux continuent à bénéficier de subventions tout en privant les citoyens de cette petite source d’information. La règle devrait être : Zéro information = zéro subventions !

Malheureusement, l’apprivoisement et la soumission des sujets du pays ont été portés si loin par les élites, que la grande masse des citoyens, bien que forcée à contribuer à perte et pesamment pour ces messieurs, n’a même plus la force – ni même l’idée d’ailleurs - de réagir. Et de toutes façons, au vu de la puissance des élites, ce serait peine perdue.

Bizarrement ces actions visant à réduire encore un peu plus les possibilités offertes aux citoyens ordinaires de s'informer coïncident avec l'nstallation au pouvoir d'un gouvernement d'union sacrée droite-centre-gauche, dont l'ambition proclamée à coups de grande caisse, serait la rigueur morale et la transparence.

En traitant du financement de la presse, nous n'avons cité qu'un cas sur mille, mais la situation actuelle est que le peuple s'achemine peu à peu sur la voie d'un traitement réservé jusqu'à présent à des animaux de trait ou à du bétail d'abattoir : soyons francs, les citoyens ordinaires n'ont nul besoin d'information, mais bien plutôt d'instructions et d'ordres.

La durée moyenne de la vie et ses conséquences

Dans le domaine de la santé, un nombre considérable d’écrits confirment que les classes supérieures jouissent statistiquement d’une meilleure qualité de vie et d’une longévité bien plus élevée que celle des autres classes. Et jusque là, nous ne faisons que parler de statistiques ; nous verrons dans la suite de quelle façon cette situation pourrait évoluer.

En l’espace d’un siècle, la durée de vie moyenne des personnes, y compris celle des “classes travailleuses”, a fait un bon impressionnant. En analysant ce phénomène, on peut constater que, jusqu’à il y a une trentaine d’années, la durée de vie moyenne des classes inférieures s’allongeait, certes, mais la productivité du travail s’améliorait aussi, en parallèle à l’allongement de la période de vie consacrée à travailler, indépendamment des législations en vigueur.

Pour plagier une célèbre bienfaitrice de l’humanité on peut parler d’une évolution gagnant – gagnant.

Cependant, comme nous l’avons remarqué dans une autre page, le peuple, et en particulier, cette classe méprisée et exploitée qu’est la petite bourgeoisie, fait aujourd’hui de moins en moins d’enfants, quoiqu’en disent les statistiques politiquement correctes débitées en masse aux masses.

De plus, grâce au discernement, à la prévoyance, à la sagesse et à la longueur de vue de nos élites, le chômage s’étend dans la population indigène et encore plus dans la population immigrée, conséquence de flux migratoires que les différents gouvernements qui se sont succédés ont providentiellement favorisés de toutes les façons possibles, dans les faits bien entendu, tout en s'y opposant vigoureusement en paroles, pour satisfaire les électeurs "racistes"...

L’équilibre entre actifs et inactifs est désormais profondément compromis, et on voit mal comment cette situation pourrait s’améliorer, dans un temps qui soit à portée d’espoir.

Il est stupéfiant de plus d’observer comment en Italie l’élite pense (ou fasse semblant de penser) pouvoir résoudre le problème en allongeant la durée de vie travaillée et en la rapprochant toujours plus du seuil des 70 ans.

Quand on sait à quel point conserver son emploi est difficile pour un travailleur du privé au delà de 50 ans, de tels remèdes équivalent à choisir de réduire à la misère des millions de personnes, sans pour autant apporter de remède réellement efficace à la situation. Sans compter qu’avec l’allongement significatif de la durée de vie, c'est aussi la période durant laquelle les ennuis de santé et le besoin de repos se font sentir qui a augmenté.

Il est évident qu’un tel déséquilibre ne pourra que déboucher sur un recul progressif des fameuses conquêtes sociales et zavantagehakis tant chantés par les “zélus”.

Grâce à l’action généreuse et prévoyante de nos élites, le gâteau s’est ainsi réduit comme peau de chagrin. Et comme il suffit à peine à satisfaire les besoins et appétit légitimes des classes dominantes, il ne reste que très peu au peuple et absolument plus rien pour la très méprisable et très inférieure petite bourgeoisie de m...e. Mais tout ceci, brave gens, n’est qu’un apéritif !

Le progrès prévisible

On constate depuis quelque temps dans les milieux scientifiques une certaine fibrillation autour d’un intérêt croissant pour des méthodes permettant de corriger et de prolonger la durée de vie des cellules humaines. Curieusement, cet intérêt dérive en particulier de certaines caractéristiques des cellules cancéreuses, dont on espère bien entendu, non pas allonger, mais réduire la durée de vie.

En général quand un problème surgit dans le domaine de la science, sa solution est presque toujours certaine, peut être au prix de siècles de recherche ; mais presque à coup sûr, cette solution finit toujours par être trouvée. Pour ce qui concerne le problème qui nous occupe ici, il nous semble évident que toute solution qui émergerait ne pourrait être que très coûteuse et donc, aussi loin que notre imagination puisse nous laisser entrevoir ce futur possible, réservée à une tranche très restreinte “d’élus”.

Deux classes d’individus seraient donc amenées à cohabiter avec des caractéristiques différentes entre elles : le bas peuple ou les manants ramenés au rang de bétail ou d’animaux de trait d’un côté, et les “immortels” ou “les élus” de l’autre, qui en accédant aux progrès réalisés par la science, pourraient enfin cueillir, de façon exclusive, cette fleur tant et vainement recherchée par Gilgamesh dans l’épopée éponyme.

Nous avons parlé de deux classes distinctes et sur le fond c’est bien de cela qu’il s’agira. Cependant, si l’on imagine facilement que la classe des “immortels” saura se montrer unie et sans faille dans l’entreprise qui consiste à écraser celle des manants humanistoïdes pour préserver un privilège précieux, on peut aussi facilement envisager, que compte tenu de l’enjeu, cette classe des immortels traversera aussi une longue et féroce nuit des longs couteaux, qui pourra s’étendre sur des siècles.

L’histoire du siècle passé et le présent nous enseignent que la barbarie la plus féroce, le “progrès” et la connaissance mis au service des élites ne sont pas incompatibles entre eux. Bien au contraire! Pour ne faire qu’un exemple concernant cet immense massacre que fut la seconde guerre mondiale, nous avons de bonnes raisons de penser que les bombardements de Dresde, Hiroshima et Nagasaki, dans lesquels plus d’un demi million de civils mourut globalement “grillé”, ne furent exécutés que pour faire comprendre à Staline qu’un appétit excessif n’était pas raisonnable de sa part.

Dans le cas spécifique des bûchers atomiques d’Hiroshima et Nagasaki, on doit y ajouter une dose de curiosité légitime venant d’illustres scientifiques, curieux de connaître l’effet d’une déflagration atomique dans des zones à forte densité humaine, tels que les ports. Ce qui - disons le - fait simplement frémir.

Et pourtant ils auraient pu y trouver une toute autre justification, fusse t-elle horrible : c’est que la caste militaire japonaise en était arrivée à un tel point de délire mortifère, qu’elle était disposée à sacrifier des millions de concitoyens et même à écarter du pouvoir la famille de l’empereur pour épargner à leur patrie l'humiliation d'une reddition aux barbares américains. Ce qui fait qu’indirectement, et de façon assez cynique, ces bûchers atomiques ont probablement permis d’épargner la vie, non pas de militaires américains, comme certains le soutiennent à tort, mais de millions de japonais, qui seraient morts d’inanition et de privations indicibles, si des criminels avaient décidé de continuer la guerre, pour des motifs d’honneur.

Ce qui précède aide à toucher du doigt à quel point le progrès et la barbarie peuvent être étroitement liés.

Revenons maintenant à notre classe des “immortels”.

Dans l’histoire de l’humanité, jamais une classe ayant conquis des privilèges n’a omis de les légitimer moralement en les marquant du sceau de la sacralité.

Nous sommes supérieurs parce que tel était notre destin et parce que le "parent n°1 la nature" (NDLR : "notre mère la nature", en vieux français) en avait décidé ainsi.

Disons que de cette façon, le rêve du triomphe du racisme “spirituel”, si cher au raciste qu’était Julius Evola, viendrait à se réaliser, cocktail subtil de supposée hérédité de sang et de supériorité construite et élaborée au fil des ans.

Notre hypothèse est-elle monstrueuse ? Sûrement. Mais il pourrait y avoir encore pire. Car face à un tel danger, les populations de manants humanistoïdes destinées à être réduites au rang d’un vaste troupeau d’animaux, ces populations pourraient bien se rebeller et, voyant qu’il n’est pas possible d’étendre les privilèges réservés aux immortels à l’ensemble de la population, les nier à tous en bloc, privant ainsi ceux qui auraient les moyens matériels d’y accéder d’en bénéficier ; ce qui serait à son tour encore plus monstrueux.

Nous aboutissons donc à cette situation singulière qu’il y aurait deux hypothèse possibles pour un seul futur : une pire et une autre tout aussi pire. Car en raisonnant simplement, on ne voit pas comment un équilibre intermédiaire entre ces deux situations extrêmes pourrait s’établir.

Dans tous les cas, si d’aventure le rêve de certains privilégiés devait se réaliser, nous qui sommes de pauvres manants corvéables à merci, ne pourrions certainement pas espérer de repas célestes pour notre descendance à qui le boeuf de Saint Luc ne serait certainement pas servi à la table du banquet ; tout au moins dans ce bas monde...à supposer bien sûr que les futurs “untermenschen” se voient reconnaître le droit à une âme et à l’espérance en un monde meilleur, dans lequel pouvoir enfin jouir de la vision de “Dieu, le parent numéro 2” (NDLR : "Dieu le père" en vieux français).

Un espoir toujours possible

Et pourtant, après ce Sabbat de sorcières et de démons, nous reconnaissons espérer encore entendre un jour le son lointain d'un clocher annonçant "l'aurore après la longue nuit".

D’abord parce que grâce à Dieu, les prévisions humaines, qui ne sont rien de plus que des projections du passé vers un futur possible, ne se vérifient presque jamais. Et d’ailleurs si les hommes pouvaient vraiment prévoir le futur...il n’y aurait tout simplement plus aucun futur du tout.

Ensuite parce que nous sommes confiants en la capacité de l’esprit humain à inventer des solutions inimaginables aujourd’hui.

Reste néanmoins de tout ce qui précède une observation qui doit nous faire réfléchir : le progrès n’implique pas obligatoirement un plus grand bonheur et plus de liberté pour tous. Et même bien au contraire, il est très possible que les choses en aillent tout autrement.

Page précédente  Haut de page    Page suivante